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mercredi, 17 août 2005

Le plus grand violoniste au monde est difficile à percevoir dans un métro, alors combien l'est l'amour?

Dans un environnement commun, à une
heure inappropriée, pouvons-nous percevoir la beauté ? Nous
arrêtons-nous pour l'apprécier ? Reconnaissons-nous le
talent dans un contexte inattendu ?


*Le musicien de rue était debout dans l'entrée de la station « Enfant
Plaza » du métro de Washington DC. Il a commencé à jouer du violon.
C'était un matin froid, en janvier dernier.*

*Il a joué durant quarante-cinq minutes. Pour commencer, la
chaconne de la 2ème partita de Bach, puis l'Ave Maria de
Schubert, du Manuel Ponce, du Massenet et à nouveau, du Bach.*

*A cette heure de pointe, vers 8h du matin, quelque mille
personnes ont traversé ce couloir, pour la plupart en route
vers leur travail.*

*Après trois minutes, un homme d'âge mûr a remarqué qu'un
musicien jouait. Il a ralenti son pas, s'est arrêté quelques
secondes puis a démarré en accélérant.*

*Une minute plus tard, le violoniste a reçu son premier
dollar : en continuant droit devant, une femme lui a jeté
l'argent dans son petit pot.*

*Peu après, un quidam s'est appuyé sur le mur d'en face pour
l'écouter mais il a regardé sa montre et a recommencé à
marcher. Il était clairement en retard.*

*Celui qui a marqué le plus d'attention fut un petit garçon
qui devait avoir trois ans. Sa mère l'a tiré, pressé mais
l'enfant s'est arrêté pour regarder le violoniste.
Finalement sa mère l'a secoué et agrippé brutalement afin
que l'enfant reprenne le pas. Toutefois, en marchant, il a
gardé sa tête tournée vers le musicien.*

*Cette scène s'est répétée plusieurs fois avec d'autres
enfants. Et les parents, sans exception, les ont forcés à
bouger.*

*Durant les trois quarts d'heure de jeu du musicien, seules
sept personnes se sont vraiment arrêtées pour l'écouter un
temps. Une vingtaine environ lui a donné de l'argent tout en
en continuant leur marche. Il a récolté 32 dollars.*

*Personne ne l'a remarqué quand il a eu fini de jouer.
Personne n'a applaudi.*

*Sur plus de mille passants, seule une personne l'a reconnu.*

*Ce violoniste était Joshua Bell, actuellement un des
meilleurs musiciens de la planète. Il a joué dans ce hall
les partitions les plus difficiles jamais écrites, avec un
Stradivarius valant 3,5 millions de dollars.*

*Deux jours avant de jouer dans le métro, sa prestation au
théâtre de Boston était « sold out » avec des prix
avoisinant les 100 dollars la place.*

*C'est une histoire vraie. L'expérience a été organisée par
le « Washington Post » dans le cadre d'une enquête sur la
perception, les goûts et les priorités d'action des gens.*

Les questions étaient : dans un environnement commun, à une
heure inappropriée, pouvons-nous percevoir la beauté ? Nous
arrêtons-nous pour l'apprécier ? Reconnaissons-nous le
talent dans un contexte inattendu ?


Une des possibles conclusions de cette expérience pourrait
être : si nous n'avons pas le temps pour nous arrêter et
écouter un des meilleurs musiciens au monde jouant
quelques-unes des plus belles partitions jamais composées, à
côté de combien d'autres choses passons-nous ?

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