jeudi, 17 mars 2005
Victor Hugo
Tout est azur, aurore, aube sans crépuscule,
et fournaise d'extase où l’âme parfum, brûle.
Le noir c'est non et non c'est rien.
Tout est certain, tout est blancheur, vertu, soleil levant,
matin placide et clair, rayon serein, frisson de flamme.
Un ange qui dirait "la nuit" dirait "je blâme".
Tout rayonnement vient du centre et du milieu.
Comme il n'est qu'une aurore, il n'est qu'un soleil: Dieu.
Qui, pour les yeux de chair couverts de sombres voiles
pleut le jour en rayons et la nuit en étoiles.
L’âme est l'œil, Il est l'astre
elle ne voit que Lui !
Tout est clarté !
Le ver rampant , l'ange ébloui, tout !
Les immensités ou se perdent les sondes, tout !
Ces vagues de Dieu que vous nommez les mondes,
l'apparent, le réel, le lever, le déclin,
hommes, enfants, cieux et mers, espaces,
tout est plein d'un resplendissement d'éternité tranquille !
Rien n’existe que Lui !
Le flamboiement profond et les âmes, les grains de lumière,
les mythes, les mois mystérieux -atomes sans limites-
qui vont vers le grand Moi, leur centre et leur aimant !
Point touchant au zénith par le rayonnement
ainsi qu'un vêtement subissant la matière,
traversant tour à tour dans l'étendue entière
la formule de chair propre à chaque milieu :
ici la sève, ici le sang, ici le feu.
Bloc, arbre, griffe, dent, front pensant, auréole
retournant au cercueil, comme à des alvéoles,
mourant pour s’épurer, tombant pour s’élever sans fin,
ne se perdant que pour se retrouver.
Chaîne d’Êtres qu'en haut, l'échelle d'or réclame
vers l’Éternel foyer, volant de flamme en flamme.
Juste éclos du pervers, bon sorti du méchant,
montant, montant, montant sans cesse
et Le cherchant, et L'approchant toujours
mais sans jamais l'atteindre,
Lui, L’Être qu'on ne peut toucher, ternir, éteindre,
Le Voyant, Le Vivant,
sans mort, sans nuit, sans mal,
l'idée énorme au fond de L’immense idéal.
La matière n'est pas et l’âme seule existe !
Astres, mondes, soleils, étoiles, apparences, masques d'ombre ou de feu,
face des visions, globe, humanité, terre, création,
univers ou jamais on ne voit rien qui dorme,
point d'intersection du nombre et de la forme,
choc de l’éclair: puissance! et du rayon: beauté !,
rencontre de la vie avec l'éternité,
Ô fumées écoutez,
et vous écoutez, âmes qui seules resterez étant souffle et flamme,
esprits purs qui mourrez et naissez tour à tour,
Dieu n'a qu'un front Lumière
et n'a qu'un Nom Amour !
Victor HUGO
15:55 Publié dans IV.A. POÉSIE élevante | Lien permanent | Commentaires (0)
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